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C’est définitivement le retour de hype du corset

Crédit image : @leawald

Depuis plusieurs mois, le corset est à nouveau nommé désir. Remis au goût du jour par les sœurs Kardashian puis par le succès Netflix La Chronique des Bridgerton, il est aussi invoqué comme une énorme tendance DIY sur TikTok. Rétrospective d’un dessous féminin controversé.

Un come-back saupoudré de pop culture

Si dès 2017, les sœurs Kardashian lui vouent un culte pour accentuer leurs silhouettes sablier, allant jusqu’à faire la promotion du dangereux « waist trainer » (celui-même qui fait encore l’apologie de l’obsession minceur), la génération Z se l’approprie avec bienveillance. Et du style, admettons-le. Au sommet des tendances et très loin de ressembler à celui des débuts, le corset connaît un revival créatif détonnant. Parfait pour incarner une Daphné Bridgerton des temps modernes ? Nul doute. Depuis la sortie de la série Netflix, le site Etsy a enregistré une augmentation de 91% des recherches de corsets au cours des derniers mois selon Business Insider.

De gauche à droite : @xindyiidng, @canfrgu, @pierrotdollgirl

De plus, toute une flopée de TikTokeuses se le sont accaparé de manière inédite. Elles le superposent sur des tops manches longues avec un jean taille basse ou s’en servent juste pour souligner la taille sur un vêtement ample. D’autres optent pour le nombril à l’air et l’associent à un jogsuit XXL. Sans parler de celles et ceux qui célèbrent l’upcycling et offrent des tutos DIY pour réinventer les pièces oubliées de leurs dressings. Des corsets à la sauce streetwear pour @xinyiidng et @leawald, version grunge fairy pour @canfrgu, classique régence pour @officialhamby ou kawaii avec @joannamrie. En bref, un océan de possibilités et de libertés pour s’approprier le nouveau corset.

 De l’Antiquité à Jean-Paul Gaultier

Vulgarisons rapidement son histoire. Si on date généralement l’apparition du corset au 16ème siècle, son ancêtre se serait plutôt manifesté à l’Antiquité en Crète, en 1700 avant Jesus-Christ. Cependant, c’est en effet à la Renaissance que le véritable corset baleiné est très largement démocratisé à la Cour d’Espagne. Rapidement, toutes les voisin(e)s européen(ne)s s’empressent d’adopter ce must-have. Tendance, quand tu nous tiens ! Mais attention, ce dessous au laçage très serré qui sculpte une taille fine, aplatit le ventre, comprime les côtes, (au point de parfois couper la respiration) et met considérablement en avant la poitrine est uniquement réservé aux nobles.

Peut-être pas plus mal pour toutes celles qui s’évitaient ainsi un véritable instrument de torture. Au fil des siècles, le corset connaitra une multitude de modifications de formes, de structures et de matériaux. Le 19ème marque la révolution industrielle et donc l’arrivée des baleines en acier : solides et surtout beaucoup plus flexibles. En France, c’est le couturier Ernest Leoty qui est le plus plébiscité pour ses corsets fluides et plus « confortables ». Puis arrive son déclin au 20ème siècle, époque où bien des médecins alertent sur sa dangerosité pour la malformation du corps tandis que les premiers mouvements féministes s’insurgent contre son port. C’est ainsi que ses cousines éloignées, gaines et guêpières, deviennent les meilleures alternatives. On le pensait donc définitivement disparu du monde de la mode.

Mais c’était sans compter sur le subversif et contestataire Jean-Paul Gaultier à la fin des années 1980. Enfant, il est fasciné par les histoires invraisemblables que lui conte sa grand-mère à propos de cette pièce désuète, notamment « lorsque les femmes retenaient leur souffle au moment du serrage en buvant du vinaigre ». A l’hiver 84, il dévoile son premier soutien-gorge conique. Six ans plus tard en 1990, il dessine pour la reine de la pop Madonna un costume de scène qui déchaîne les passions. Le corset « aux nénés pointus comme des cornets à la crème » devient sa signature. De son audace naît une pièce rebelle, puissante et résolument sexy. Symbole de douleur et d’emprisonnement par le passé, Jean Paul Gaultier le réinvente en une armure d’empowerment iconique. Il n’est d’ailleurs plus un simple sous-vêtement mais une pièce de mode à part entière. D’autres grands couturiers comme Thierry Mugler, Christian Lacroix ou John Galliano pour Dior lui emboîteront le pas jusque dans les années 2000.

Christian Dior – Haute Couture printemps/été 2009
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