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Feels : l’application de rencontre de la génération Z passée au crash test

Dévoilée il y a deux ans maintenant, l’application française Feels au slogan accrocheur « too cool to match » franchissait au printemps dernier le cap des 150 000 utilisateurs. L’appli au format stories destinée aux 17-25 ans a d’ailleurs opéré un tournant dans sa communication en signant une nouvelle identité visuelle et une campagne 100% digitale. Son objectif ? Bousculer les codes du dating souvent jugés « boring » (ennuyeux) et séduire les adeptes et les créatifs de TikTok. On a demandé à la gen Z ce qu’elle en pensait.

Pandémie oblige, le business des applications de rencontres ne s’est jamais aussi bien porté, et ce n’est que le début, à en croire l’analyste américain IBISWorld : d’après lui l’industrie mondiale des rencontres online augmentera sa valeur de 5,3 milliards à 6,4 milliards de dollars dans les quatre prochaines années. Parmi les applications les plus célèbres, le mastodonte Tinder de la maison mère Match Group (Hinge, OkCupid, Match). A elle seule, elle représente environ un tiers du marché. Néanmoins, un océan de possibilités s’offre aux célibataires en quête de relations plus ou moins sérieuses : Happn, Once, Bumble, Grindr, Adopte un mec, Fruitz et depuis peu, Feels. Lancée en avril 2019 par trois amis diplômés d’EM Lyon, l’application surfe sur la vague des réseaux sociaux où la vidéo tient une place de choix à l’instar de TikTok, Snapchat ou Instagram. Le but ? Proposer une expérience « moins superficielle et moins déshumanisante ».

Après avoir rapidement testé Tinder sans grande conviction puis l’avoir à nouveau téléchargée, Dyhia, 19 ans et étudiante à Paris s’avoue « ne pas être très à l’aise avec ces applications où l’on est avant tout jugé sur une apparence ». Jolan, 18 ans, influenceur sur TikTok aux 30 000 abonnés parle même « d’une sorte de boucherie humaine où l’on est vraiment incité à faire primer l’enveloppe corporelle alors qu’on manque certainement de belles rencontres. » Sur le papier, l’appli Feels est attrayante. Une esthétique pop (« un poil trop teenage  » d’après Jolan), des utilisateurs jeunes et créatifs, une manière d’appréhender l’autre plus sainement et un format « TikTok vibes intuitif » (selon Dyhia). Pourquoi pas ?

« La longue création du profil en six étapes m’a un peu dérangée car j’ai du mal à dévoiler autant d’informations personnelles. Je pense que suis un peu trop flippée du stalking ! (rires) mais en même temps, je comprends que cela puisse simplifier les échanges. On peut rapidement se rendre compte si une personnalité nous correspond ou non ». Toujours lors de la création du profil, les trois dernières étapes consistent quant à elles à répondre à trois questions, à choisir parmi une trentaine déjà établies. « J’ai trouvé ça hyper pertinent car ça permet de saisir l’humour et d’appréhender la manière dont pense la personne. » souligne Dyhia. Hanna, 19 ans et étudiante en médecine, est elle aussi séduite par ces fameuses questions mais regrette « que l’on ne puisse pas les créer soi-même. » Toujours est-il que pour Jolan « Ca donne plus envie qu’une biographie hyper redondante sur Tinder.»

Après avoir compris le fonctionnement de la version gratuite « qui comporte quelques bugs » selon Dyhia ou « mériterait un petit tutoriel » d’après Hanna, l’expérience devient assez simple. Lorsqu’une personne vous contacte, vous pouvez soit répondre, soit quitter la conversation pour découvrir le message suivant. Autre option pour entamer une conversation ? « Une barre d’émojis, censée servir à briser la glace, mais qui à mon goût n’est pas vraiment utile. » souligne Dyhia. Jolan partage son avis tandis qu’Hanna a plutôt trouvé que « les réactions n’étaient pas adaptées à la façon dont elle souhaitait réagir. » Côté rencontres, Jolan qui a testé de nombreuses applications (la meilleure selon lui étant Yubo, une application destinée aux rencontres amicales) s’est dit agréablement surpris. « Je trouve que l’application est cool, relativement inclusive et LGBTQ+ friendly » alors que Dyhia regrettait quant à elle un manque de diversité. Comment l’expliquer ? L’un des points fondamentaux de Feels reposerait apparemment sur les contenus des profils plutôt que sur un algorithme.

Globalement, l’application Feels semble plutôt bien accueillie auprès de la génération Z. Bien que Dyhia et Jolan aient reçu « quelques réfléxion déplacées, comme partout malheureusement« , tous soulignent des échanges sincèrement sympathiques sans forcément (pour l’instant) avoir trouvé « une personne géographiquement proche avec qui échanger sur des sujets enrichissants« . Hanna, qui nous expliquait que les applis de rencontre lui avaient permis de prendre confiance en son pouvoir de séduction, a quant à elle « croisé le chemin d’anciens flirts » et se prépare à un ou deux dates dans les jours à venir. Feels, une jolie promesse ?

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